Faut-il vieillir dans la publicité ?

Publié le par Guillaume Gamain


Voilà bien un métier qui prône la jeunesse et même le jeunisme quand nécessaire.
La publicité est un métier jeune qui doit le rester.

Souvenez-vous de ces films (dont les titres m’échappent et que je ne cherche pas non plus) des années 70 avec Francis Perrin ou Pierre Richard ou Pierre Perrin qui nous présentaient le publicitaire sous les traits d’un jeune urbain déguingandé naïf... donc talentueux.

Le livre de Frédéric Beigbeder « 99 francs » et le film du même nom de Jan Kounen nous présentait un publicitaire tel qu’il est sûrement : jeune, beau, drôle, bien habillé mais toujours décontracté, défoncé mais talentueux, souriant mais suicidaire, décalé mais décalé.

En 2009, le publicitaire type ne doit-il pas se déplacer en Nike Air Jordan I ou II, Converse ou baskets Reebok multicolores ?
Le publicitaire n’a-t-il pas le cheveux long, foufou et « coiffé » vers l’avant ?
Le publicitaire ne doit-il pas arborer une barbe de trois jours pour jouer l'adulte d'à peine trois jours alors qu’il est jeune et imberbe pour toujours ?
Le publicitaire ne porte-il pas un t-shirt ?

Le jeune publicitaire (à l’époque) Benjamin Sanial a décrit mieux que moi le jeune publicitaire (de l’époque et d’aujourd’hui) dans des spots radio hilarants qui faisaient la promotion de son agence (de l’époque) Lowe Lintas. http://shortstories.blogs.com/short_stories/2007/01/benjamin_sanial.html


Mais si tout cela est vrai, que devient-on dans la publicité quand on perd ses cheveux, quand votre enfant adolescent se fout de vous et de vos baskets, et que le t-shirt près du corps met plus en évidence votre petit bidon que vos petits biceps ?

Le photographe Olivier Roller, représenté par Olivier Ripoll, a une magnifique réponse. http://www.olivier-ripoll.com/

Sous sa surexposition blanche et sa mise en scène simplissime sur fond gris, le vieux publicitaire devient un être extraordinaire (Difficile à croire… et pourtant).


Il devient un héros cinématographique. Un véritable personnage d’Heroïc Fantasy.
Il est le chevalier au grand cœur et à la boucle d’or, la vieille sorcière androgyne, le druide aux pouvoirs magiques éternels, le féroce général des forces maléfiques ou le guerrier solitaire aux mille vies et mille cicatrices...


Si le jeune publicitaire n’est qu’un jeune publicitaire, à travers le regard d’Olivier Roller, le vieux publicitaire est un héros qui a survécu à ce métier, ce milieu à la fois obscur, méandreux, étincelant, dur, sans âme, prétentieux et toujours enivrant.

En tant que publicitaire (presque plus jeune), j’aime bien l’idée en tout cas. Sinon j’envisage une carrière de vendeur de fraises à Eygalières, près de Saint Rémy de Provence.



Publié dans art

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R
C'est sombre et beau. J'aime bien.
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